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Plaidoyer pour tous les enfants « atypiques »

Depuis qu’il est tout petit, mon fils est ce qu’on appelle un enfant « atypique ». D’après le dictionnaire, «atypique » veut dire  « différent du type habituel ». Mais c’est quoi le « type habituel » alos ? Et bien, c’est la norme que la société (l’école compris) reconnaît, ce sont les enfants qui rentrent bien dans le moule en somme.

J’ai horreur des étiquettes mais force est de constater que mon fils Solal n’entre pas vraiment dans cette norme là.

Bébé hyper tonique et aux besoins intenses, il a rampé dans toute la maison à 6 mois, a marché à 8 mois sans passer par le 4 pattes, a couru à un an (mes proches me disait : « il ne marche pas ton fils, il court tout le temps ! »). Il a parlé comme un adulte (avec des phrases conjuguées au subjonctif) à 2 ans et dès 3 ans, s’est mis à poser des questions existentielles, dont beaucoup avaient un rapport avec la mort. Il posait continuellement des questions, jusqu’à littéralement s’endormir avec un « pourquoi ? » sur les lèvres.

Solal est aussi très anxieux. Entre deux et quatre ans, il est passé par une période au sommeil très compliqué qui nous a laissés épuisés et à bout de nerfs. Son anxiété n’a pas diminué avec l’âge, loin de là. A huit ans, Solal est un enfant sombre et profond. Il semble porter le poids du monde sur ses épaules. Il a horreur du moindre changement et râle dès qu’on lui propose une activité qu’il ne connaît pas (surtout si elle se passe en dehors de la maison). Souvent, il  me dit « Maman, je suis triste mais je sais pas pourquoi ».

Solal est un enfant hyper sensible qui perçoit les réactions, les sons, les odeurs, les sensations physiques de manières disproportionnées. Il lui arrive fréquemment d’être submergé par des tempêtes émotionnelles qu’il n’arrive pas à contrôler.

Il déteste l’autorité, l’injustice, accorde une importance exagérée à ce que pensent les autres.
Il est curieux de tout, créatif, imaginatif. Il s’intéresse à la musique, aux animaux, à la chimie, à l’électricité, aux volcans, aux tracteurs, aux pierres…

Et Solal est tout le temps en mouvement, il ne se pose jamais. Il fait de grands gestes et pousse des cris d’animaux partout, tout le temps.

En tant que parents, nous sommes  souvent démunis devant cet enfant intelligent, torturé, profond, rebelle, bruyant, colérique… c’est un enfant, épuisant, passionnant, irritant et « attachiant » !

Être le parent d’un enfant atypique, c’est frustrant et épuisant

Vivre avec un enfant hypersensible

Être le parent d’un enfant atypique, c’est frustrant et épuisant

Vous l’aurez compris, un enfant atypique est un enfant qui n’arrive pas à rentrer dans le moule de la société,  à s’adapter au système scolaire classique. Ces enfants sont plus sensibles que la moyenne et présentent généralement des troubles de l’apprentissage : ils souffrent de troubles « dys-« , de TDA/H, sont précoces (à haut potentiel) et/ou sont hypersensibles.

Être parent d’un enfant atypique peut être frustrant et démoralisant. On est constamment ramené par la société, l’entourage et l’école aux « problèmes » de notre enfant.
Fatigués de toujours devoir justifier ses comportements et garder la tête haute devant les censeurs de la bonne éducation, nous avons fait, mon chéri et moi, l’erreur de nous rallier à la majorité qui voyait Solal comme un « problème » , un agitateur, un inadapté. Nous lui avons reproché d’être la source de notre mal-être, nous l’accusions de faire exprès, de ne pas faire suffisamment d’efforts.

La souffrance des enfants atypiques

Enfant triste

Les enfants atypiques souffrent du rejet des autres, de ne pas satisfaire à nos exigences et à celles de l’école.

A la longue, nous avons constaté que nos reproches et nos exigences rendaient Solal encore plus sombre, nerveux et ses « symptômes » devenaient encore plus prégnants, plus dérangeants.

Un jour après une dispute, Solal m’a dit « je sais que je vais devenir un criminel quand je serai grand. De toutes façons, je suis un bon à rien. » Ça a m’a fait l’effet d’une claque. Comment une enfant de 7 ans peut-il avoir une estime de soi aussi basse ? Il avait l’air tellement malheureux et désespéré que j’ai senti mon cœur se briser à la fois de tristesse et d’amour pour mon enfant si intelligent et pourtant persuadé qu’il était « un bon à rien ».

Comme tous les enfants atypiques, Solal souffrait de notre incompréhension, du sentiment d’être bizarre, du rejet des autres. Il ressentait une douleur aiguë de ne pas parvenir à rentrer dans le moule, et de la culpabilité de ne pas satisfaire à nos exigences et à celles de l’école.

Alors j’ai décidé de changer mon regard sur Solal et de considérer que le problème ne venait pas de lui mais de nous qui ne voulions pas l’accepter tel qu’il était, dans son entièreté.

Parents d’enfants atypiques : tenez le coup, votre enfant en vaut la peine !

Si nous arrêtons de croire en nos enfants, il leur sera difficile de croire en eux-mêmes. Faut-il les casser pour qu’ils rentrent dans le moule que la société nous impose ? N’est-il pas préférable de les encourager, de nourrir leur créativité, d’aiguiser leur regard, pour qu’ils osent entreprendre, développer leurs talents et devenir des adultes audacieux, responsables, libres et heureux ?

Les enfants atypiques ont besoin, encore plus que les autres, de se sentir en sécurité physique et affective. Les cris, les reproches, les insultes, les jugements dévalorisants et les menaces fragilisent leur cerveau. Or, cette violence éducative ordinaire est souvent le reflet de l’impuissance et de l’épuisement des parents.

Alors comment aider nos enfants atypiques ?

Je vous expliquerai cela en vous proposant des astuces concrètes à mettre en place dans votre quotidien. Ces astuces, que j’ai moi-même mis en place avec mon fils, permettront d’apaiser votre enfant mais aussi de retrouver un quotidien plus serein. A la prochaine !

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7 comments

  1. Delphine - Répondre

    Bonjour Bahia, ton article est extrêmement juste et touchant. Je suis moi même très en colère vis à vis de notre système éducatif qui met à l’écart tous ces enfants atypiques comme tu le dis si bien!
    Mon fils est un petit gars joyeux, qui aime le sport, les copains et les jeux video, bref un petit gars normal en somme! Le probleme c’est qu’il a toujours eu des difficultés à l’école. Au départ, nous pensions qu’il n’était pas courageux et qu’il le faisait exprès. Tous les devoirs se passaient mal. On travaillait pendant des heures! Les maîtresses me disaient que c’était son caractère qu’il manquait de maturité etc… mais rien n’y faisait. Tout ce qu’il apprenait, il l’oubliait très rapidement! Il souffrait et c’était des crises à la maison dès qu’on parlait de devoirs!! Jusqu’au jour où j’en ai eu marre. Je suis allée voir une orthophoniste. Elle même ne comprenait pas ma démarche car elle me disait que mon fils était « normal ». Je suis allée voir une psy et jai demandé un test de QI. Et là, le verdict tombe… dyslexie-dysorthographie. Débute alors une prise de conscience et une énorme culpabilité qui s’installe… on a fait souffrir mon fils pour rien pendant des années! Il s’est sentit nul, « bon à rien » comme tu dis, à cause de méthodes d’apprentissages complètement inadaptées à son « handicap invisible ». Aujourd’hui 3 ans après, il va mieux, se met volontier au travail, nous impressionne tous les jours, par ses aptitudes, sa façon de réfléchir différente. Il a environ 15/20 de moyenne générale, ce qui est génial pour lui!! Il a fallut batailler auprès de ses professeurs, pour expliquer comment il raisonnait, ce qu’il pouvait ou ne pouvait pas faire… ce fut une vraie révelation pour lui. Il a pris conscience de sa différence et l’a acceptée au point de devenir un porte-parole au collège. Il explique aux autres élèves sa différence pour que les moqueries entre élèves cessent. Car c’est aussi ça, être un enfant atypique… subir les railleries des enfants dits « normaux ». Nous savons maintenant qu’il a besoin de temps, qu’il ne voit pas les choses comme nous, qu’il a besoin de beaucoup d’attention et de valorisation pour avancer et grandir. Combien d’enfants ont été ou seront catalogués perturbateurs, bons à rien, cancres alors qu’ils avaient ou qu’ils ont juste besoin d’aménagements et d’aide au quotidien…. il faut croire en eux. Malheureusement, la route est encore longue et il y a énormément de choses à faire pour tous ces enfants !!

    • Bahia Behidj - Répondre

      Merci Delphine. Je suis très touchée par ton retour. Je me rends compte à quel point cela peut être difficile à vivre pour les enfants comme pour les parents. Ne lâchons pas le morceau et continuons à aider nos enfants, pleins de belles qualités et de potentiels !

  2. Lorraine - Répondre

    Un bel article qui fait tellement écho à mon quotidien.
    Quand la fatigue, le poids de la société, les difficultés de relations aux autres, de comportements à l’école prennent le pas sur la bienveillance…
    Quand les enfants parmis tout ce qu’on dit ne retiennent que le pire.
    Quand souvent je me sens impuissante et ne sais plus comment lui rendre ses ailes.
    Puis aussi la peur de me laisser mener par le bout du nez par mon atypique.
    Bref pas facile tous les jours, mais en vrai je l’échangerai pour rien au monde 😉

  3. Marie - Répondre

    Merci Bahia pour cet article et le précédent sur comment gérer un enfant hypersensible. Notre fils aîné ressemble en tout point à ton Solal et notre quotidien au votre! Il n’a que 5 ans, et j’avoue que j’espère très fort qu’il s’apaise avec les années… mais plus ca va moins j’y crois! Notre vie ne sera pas la même que celle de bcp d’autres. Nous essayons aussi bcp de différentes approches éducatives, sans jamais réussir à reprendre le dessus… l’affrontement revient inévitablement, car les crises ne cessent jamais définitivement. J’ai peur de perdre le « contact » avec lui, qui a tjrs été difficile à approcher et qui n’exprime jamais verbalement ses émotions, tout en se laissant complètement emporté par chacune d’elle, sauf la joie peut être… je me sens dépasser mais heureusement que son père a les nerfs solides. Ton article me redonne de la force et l’envie de trouver les bons moyens de communication, pour l’aider et l’apaiser. Merci et j’attends avec impatience tes « astuces concrètes « !

    • Bahia Behidj - Répondre

      Bonjour Marie, Ton commentaire me fait chaud au coeur. Moi aussi, je suis passée par cette phase de découragement et je suis contente de pouvoir aider les parents qui passent par là. Mon fils a 8 ans et demi et je peux dire qu’il progresse de jour en jour (avec des périodes de régressions, mais c’est normal pour un enfant). Ne te décourage pas, plus il grandira, plus il pourra raisonner et calmer ses émotions ! Personnellement, j’ai renoué le dialogue avec lui en suivant la formation issue de la méthode d’Elaine Faber et Adèle Mazlish « Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent ». Ca marche vraiment bien, mais ça demande de la persévérance. Evidemment, ça ne suffit pas, car vivre avec un enfant atypique nécessite de travailler sur soi également, pour apprendre à gérer ses propres émotions. Mais rien d’insurmontable je t’assure ! L’article sur les astuces concrètes est ici : http://www.parents-apaises.com/aide-enfant-atypique-parents/

  4. Virginie - Répondre

    Mon Dieu!… j’ai l’impression de lire ma vie !… mon cœur se serre… mon fils est tellement en souffrance qu’il veut mourir… à 9 ans!… merci, merci, merci pour cette plaidoirie. Il me réconforte dans ma prise de décision de le laisser livre, de cesser le le faire rentrer dans le moule. J’espère juste que ce n’est pas déjà trop tard. Encore merci!

  5. Gwen - Répondre

    Bonjour,
    Plus je me renseigne, plus j’ai le sentiment que les articles parlent de mon fils. J’ai toujours pensé que mon garçon (6ans½) n’avait pas un comportement habituel mais à force d’entendre « il est jeune, il va mûrir, s’apaiser, … », je me disais qu’il a un caractère de cochon, capricieux, qu’il exagère mais pour autant c’est un enfant très sensible.
    A la maison, il pouvait pleurer, hurler pendant longtemps, pas 5 min hein 😉 jusqu’à 1h parfois!, sans pouvoir le calmer, lui faire dire ce qui n’allait pas, même le contenir était dur.
    En PS, dès qu’il franchissait le pas de la porte de l’école, il explosait littéralement parce que je n’avais pas pris le bon goûter, ou oublié, parce qu’on allait au parc, ou non. Des choses futiles à mes yeux.
    A l’école, tout allait bien, tant au niveau des apprentissages que du comportement, malgré les 15 premiers jours difficiles. Je m’explique
    : 2eme jour d’école, à trop tousser il a vomit, la maitresse l’a pris dans son bureau pr me téléphoner. Il  » s’était forcé » elle savait reconnaitre les enfants qui simulent… Bien sûr je lui ai tenu tête car c’était faux! Dans le hall de l’école à l’heure de la sortie, j’ai eu le droit à « mon œil, j’en ai vu d’autres dans ma carrière » Bref, il lui a fallut 15 jours pr se remettre alors que je le soutenais. Ce mensonge était insupportable pour lui. Il ne voulait plus aller à l’école lui qui était si content d’y aller. Il avait mal au ventre à en avoir la diarrhée tous les matins. Tout ça pr découvrir que sa toux (bronchites asthmatiformes) étaient dû a une allergie aux acariens…). Fin de PS, ça ne s’arrangeait pas, j’étais à bout. Mon couple était tendu aussi, épuisé de changer notre façon de faire sans succès. J’avais pensé que c’était peut-être de la jalousie envers son petit frère (20mois d’écart). Donc je demande à la maîtresse comment il est en classe. Une claque, il va très bien, il est doué, c’est moi qui suit trop dur avec lui… J’étais déjà mal de ne pas savoir quoi faire mais après encore pire. On est déjà plein de doute alors quand on est confronté à des personnes comme ça, la remise en question est terrible. Et pourtant je continue à « sentir » que ça ne va pas. Du coup, on a vu une psy, résultat positif après 4 séances, du moins c’est ce qu’on pense à l’époque. Il en ressort que mon fils est un garçon sensible qui a beaucoup de mal à gérer ses émotions, frustrations, enfant intelligent, plein d’humour et voilà c’est tout. (Avec le recul, je me dis comment en tant que professionnelle, elle n’a pas vu que c’était de l’hypersensibilité !) Ensuite y’a des hauts, des bas. Les colères sont toujours présentes mais moins fortes nous semble t-il, enfin il grandit émotionnellement qu’on se disait. Sa scolarité continue parfaitement avec le comportement à la maison dur à gérer.
    Il est actuellement en CP, très doué, il trouve que c’est trop facile, dit s’ennuyer (je ne sais pas si c’est vraiment le cas pour ce dernier point). Il a appris à lire seul en grande section malgré 3 écoles différentes en 1 an (de sept à nov en IDF, puis de nov à avril ds le public, puis dernier changement ds le privé car mes enfants ne se plaisaient pas dans l’autre et le fonctionnement ne me plaisait pas non plus). Quand je sens qu’il ne va pas bien (moi même je suis une grosse éponge) je retourne à la charge dans mes recherches et je tombe sur l’hypersensibilité tout récemment.
    Mais voyez vous, je me dis que c’est mon enfant, je ne suis pas objective, neutre. Quand je vais expliquer que mon enfant est terrible on va me dire qu’ils le sont tous à son âge. Est ce qu’on ne va pas prendre à la légère qu’il est sensible aux odeurs, à la douleur, à l’injustice, qu’il a souvent envie de pleurer sans pouvoir expliquer pourquoi, qu’il a les larmes aux yeux qd il entend un chien aboyer dans un garage, qu’il ne supporte pas les remarques.
    Je m’arrête là, j’ai dit pas mal de choses déjà, pourtant je pourrais en dire long encore. Je suis perdue, je me sens comme une mauvaise mère (qui crie tout le tps en ce moment), je ne le comprends pas, lui même le dit. Je m’en veux de ne pas réussir à l’aider. On voit bientôt une psy, j’angoisse et en même temps j’ai hâte. Je suis quasiment certaine qu’il est hypersensible, mais après on fait quoi si c’est ça. Et si c’est pas ça, ça veut dire que mon fils est juste chiant (désolée du terme)? Non, pas possible!!

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