
La semaine prochaine, je vais assister à 2 jours de séminaire/formation animé par Bessel Van Der Kolk, un des plus grands spécialistes mondiaux du trauma, auteur du best seller « Le corps n’oublie rien ».
C’est l’occasion pour moi de vous proposer une série d’articles sur le trauma et sur l’attachement.
« Trauma » : un terme souvent mal utilisé…
… et dont on méconnaît l’impact réel sur nous, en tant qu’individus mais aussi en tant que société.
Quand on dit « trauma », on pense tout de suite à quelque chose de grave : agression, viol ou agression sexuelle, guerre, maltraitance physique sévère… C’est vrai, tout cela donne lieu à des traumatismes et à des symptômes de stress post traumatique : flash-backs, agitation, cauchemars, addictions, envies suicidaires…
Mais le trauma c’est aussi des expériences plus « simples » dont on n’a souvent pas conscience.
« Je ne comprends pas. Je me sens anxieux, un rien me submerge »
J’ai très souvent des clients qui vienne me voir en disant « Je ne comprends pas. Je me sens anxieux, un rien me submerge, j’ai des fluctuations d’humeurs, des douleurs… Pourtant, il n’y a rien dans ma vie qui le justifie. Tout va plutôt bien et je me souviens de rien d’horrible qui se soit passé dans mon enfance ».
Et pourtant… La grande majorité de nos traumatismes trouvent leurs racines dans nos expériences de l’enfance. Et nous ne nous en souvenons pas toujours.
L’attachement, l’influence des premières années de vie sur notre capacité à nous sentir en sécurité, en relation avec le monde, joue un rôle primordial.
Et oui, cette anxiété chronique, ces douleurs, cette fatigue, ces fluctuations d’humeurs, ces explosions de rage, de cette dépression… Pour beaucoup leur cause vient de nos relations avec nos figues d’attachement primaires, généralement nos parents.
Il ne s’agit pas de leur jeter la pierre. Nos parents n’ont pas été éduqués dans l’empathie et la compréhension des émotions. Ils ont fait ce qu’ils on pu avec ce qu’ils avaient. Et puis notre société et notre culture, biberonnée aux principes éducatifs freudiens a fortement encouragé les mères à se séparer précocément de leur bébé pour le mettre dans « sa chambre », à le laisser pleurer et à ne pas trop le prendre dans les bras « sinon il va devenir capricieux ». Freud décrit l’enfant comme un pervers polymorphe dont il faut « mater » les pulsions. Donc, quand on avait des fortes émotions, on nous envoyait dans notre chambre, on nous punissait au mieux, ou on nous grondait, humiliait ou même frappait ou donnait une douche froide.
Voilà la racine de nos traumas.
Vous vous dites peut-être « peuuuuh, faut pas exagérer quand-même, ça donne pas des traumas ça ».
Oui, je sais c’est difficile à encaisser parce qu’on s’est adaptés au point de trouver ça normal.
Réfléchissons une minute à un bébé…
Dans sa 1ère année de vie, un tout petit est extrêmement vulnérable, il ne peut rien faire tout seul et dépend entièrement de ses figures d’attachement pour survivre. Quand il a un besoin (faim, soif, chaud, froid, peur…) c’est vital que quelqu’un soit là pour y répondre, sinon il meurt. Son système nerveux est immature et s’active très fort quand la figure d’attachement ne répond pas ou met du temps à répondre. Le cortisol (hormone du stress) inonde son cerveau. Il passe par la colère, puis la rage, la terreur, le désespoir et enfin la résignation. Quand un bébé s’arrête de hurler, il ne s’est pas « calmé », il s’est « résigné ». Et il a intégré la croyance qu’il est indigne d’être aimé, et que le monde n’est pas un endroit sécure.
Et si cette expérience se répète souvent, sa croyance va s’intégrer profondément, son système nerveux sera en constante dysrégulation : selon la réponse parentale, il maximisera ses réactions pour être sûr d’être entendu (attachement insécure anxieux) ou il restera dans son coin, ne demandera rien et fera tout seul (attachement insécure évitant).
Dans le prochain article, je reviendrai sur les bases de l’attachement, et comment votre style d’attachement influence votre vie encore aujourd’hui.
Mais revenons à l’enfance, et là je ne parle plus uniquement des tout petits mais aussi des enfants en âge scolaire. Donc quand l’enfant a une forte émotion, il a besoin que quelqu’un l’aide. Sinon, son système nerveux n’apprendra jamais à se réguler. Or, quand on envoie un enfant dans sa chambre, l’enfant va comprendre (même si c’est faux je le sais, mais c’est ce que LUI comprendra de la situation) que :
1) Cette émotion (souvent la colère) n’est pas acceptable. Il va donc la ravaler. C’est très souvent la cause de l’anxiété, des douleurs chroniques… Les émotions sont physiologiques. Donc quand on a pris l’habitude de contenir nos émotions, elles restent dans notre corps et nous font mal.
2) Maman ou Papa (ou les deux) ne l’aiment pas quand il est en colère.
3) il est indigne d’être aimé, il va en ressentir de la honte toxique qui va s’engrammer et donner des croyances de type « je ne vaux rien », « je suis nulle », « je ne suis pas aimable » et qui le suivront toute sa vie s’il ne se fait pas accompagner.
Ces expériences d’enfance qui nous paraissent « banales » sont en fait des trauma.
Et voilà comment des expériences d’enfance qui nous paraissent « banales » se transforment en trauma. Vous trouvez le mot trop fort ? On peut l’appeler comme on veut. Ce qu’on sait aujourd’hui c’est que ces expériences restent stockées dans notre cerveau limbique, celui qui ne réfléchit pas et qui ne fait pas la différence entre passé et présent. Et donc, à chaque fois qu’il y a un stress, un déclencheur quelconque, le cerveau sonnera l’alarme croyant qu’il s’agit d’un énorme danger et le corps réagira : crise d’angoisse, pétage de plombs, douleurs, maladie…
Comment ça se guérit ?
Les spécialistes du trauma, dont Bessel Van Der Kolk, ont découvert que le fait d’en parler en thérapie peut aider pour prendre conscience et ne plus culpabiliser (non ce n’est pas dans votre tête, et vous n’êtes pas responsable de vos symptômes) mais ne suffit pas. En effet, comme je l’ai expliqué juste avant, et comme l’indique le titre de Bessel « Le corps n’oublie rien », il est important utiliser aussi les technique somatiques pour aller dans le corps. Cela permet de :
- décharger le stress accumulé, et les émotions stockées,
- traiter l’information pour que le cerveau et le corps comprennent que tout ça est passé, qu’il n’y a plus de danger,
- Apprendre au système nerveux à se réguler
C’est un apprentissage est long mais salvateur. En cabinet, pour aider mes clients qui ont des problématiques de trauma, d’anxiété chronique, de dépression, je pratique :
- l’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) soit en français : désensibilisation et retraitement des souvenirs traumatiques par les mouvements oculaires. Pour en savoir plus sur l’EMDR, lire cet article >>
- Des techniques somatiques pour aider le système à se réguler
- Et bien sûr beaucoup de psycho-éducation pour expliquer comment fonctionne le système nerveux, pour déculpabiliser, lever la honte… tout cela dans la bienveillance et l’écoute empathique.
Dans un prochain article, je parlerai des bases de l’attachement, et comment votre style d’attachement influence votre vie encore aujourd’hui.
En attendant, si vous souhaitez prendre Rendez-vous pour résoudre une problématique citée ci-dessus, je reçois en cabinet et en visio.

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